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Le projet pastoral des frères de Saint-Jean pour Saint-Ruf
« Donner carte blanche à Dieu »
Voilà un peu plus d’un an que les frères de la communauté de Saint-Jean sont arrivés pour conduire la paroisse de Saint-Ruf. Le père Marie-Christophe évoque leur projet pastoral.
Un clocher en guise de logo
Nous aimerions trouver un logo qui soit un signe fort. La croix en est un, mais elle peut en déranger certains. Le clocher, en revanche, est un signe de ralliement. Même si Saint-Ruf n’a pas de clocher matériel, il peut être le signe de ce qu’on veut être, à la fois signe d’humanité et signe du ciel, montrant le désir que les hommes adviennent à ce qu’ils sont.
Présenter une église au service des hommes,
mais qui soit aussi un pont.
La spiritualité du divin chrétien est éminemment charnelle.
100 ans, mais encore ?
Le centenaire de Saint-Ruf ne doit pas seulement être celui de la paroisse, du lieu, mais un événement qui permette de « l’exploser », c’est-à-dire d’en faire une porte ouverte, une oasis, une réalité très large. Pour cela nous devons cibler au-delà de la paroisse, l’élargir. Avoir une belle église doit être un signe, quelque chose qui soit signifiant. Saint-Ruf peut devenir une lumière, permettre de clarifier, de lever des ambiguïtés, des contradictions, répondre à des attentes réelles, montrer de la pertinence. À une époque, le christianisme s’évaluait trop à la seule lumière de la doctrine. Mais ce n’est pas suffisant. Aussi y eut-il une revendication du « vivre ensemble », d’un amour du prochain, vécu malheureusement en opposition à la doctrine.
La vie chrétienne
Si on se demandait « Qu’est-ce, pour moi , une vie chrétienne juste ? », on pourrait dire : c’est une vie ajustée au Christ, une vie ajustée à l’Esprit saint, qui me dépasse, moi qui suis humble et pauvre, une vie ajustée à l’amour du prochain. La vie chrétienne ne s’invente pas, elle se reçoit de manière responsable. Certes, elle a été confiée à l’Église, qui fonctionne avec une hiérarchie. Ce qui implique une notion d’obéissance. Mais le Christ a voulu les chrétiens responsables, il ne s’agit pas, dans l’obéissance, de perdre l’audace, le sens du risque… Nous procédons trop par division, en nous opposant.
Débats sur la liturgie
Dieu s’est fait homme pour nous rejoindre dans le concret. On ne peut pas opposer le salut offert par le Christ et l’aspect « pêcheur » des hommes. Il y a les deux. Ce n’est pas parce que je sais que je suis sauvé que je vis en sauvé. La liturgie doit manifester les deux. Le libéralisme post-soixante-huitard a entraîné une idéologie qui consiste à penser : « Puisqu’on est sauvés, on ne doit se tenir que debout ». Or le chrétien a quelque chose à voir avec la conversion, la repentance, la confession, l’agenouillement. Celui-ci n’exprime pas que la condition du pécheur, mais surtout que la vie de Dieu en nous est une grâce, non un dû ! Oui, Dieu agit dans le cœur de l’homme, sauve, et c’est une bonne nouvelle. Mais ce n’est pas un dû, c’est gratuit et comme à mendier.
Ce n’est pas totalement accompli en nous à cause de notre péché. Pour qu’il y ait cohérence avec ce qui est célébré, il doit y avoir changement, c’est le sens du mot conversion. Cela ne s’improvise pas, ce n’est pas dans le prolongement de notre compréhension, d’où une certaine obéissance et même soumission. Mais trop d’autorité infantilise, il faut une part d’initiative.
Être à l’écoute
Si après la messe tout le monde s’en va immédiatement, comment peut-on reconnaître le Christ à l’œuvre ? Se contenter de satisfaire la divinité, voilà une attitude païenne. Être chrétien implique une mise en œuvre dans la semaine de ce qui est enendu, c’est aider celui que je vais rencontrer à faire le tri dans sa vie. L’évangélisation est un apport de lumière et la liturgie doit traduire l’Esprit.
Dieu, qui est-ce ?
Si j’avais le temps, je demanderais à chaque personne de dire ce que ces trois mots représentent pour elle : Dieu, foi et religion. Que met-on derrière ces mots ? Je suis sûr qu’il y aurait beaucoup de réponses différentes !
On ne sait pas qui est Dieu, sinon par le Christ. Je sais qu’Il est son Père, et qu’Il veut devenir aussi le mien…
Les sagesses de l’Église
Pour mettre en œuvre la vie chrétienne, il faut qu’une paroisse vive une charité active, qu’elle ait le souci de toutes les formes de précarité. Mais on ne peut pas vivre la totalité de la vie chrétienne à soi tout seul. Un bénédictin va louer/glorifier, un dominicain parler des mystères du royaume, les sœurs hospitalières auront à cœur d’être présentes à celui qui est malade. Mais chacun ne peut pas tout faire.
On peut vivre la charité en actes et avoir une vie contemplative fervente, avoir une doctrine très sûre et en même temps de l’audace dans l’écoute de l’Esprit saint. C’est peut-être tout cela une vie chrétienne juste. Par sensibilité personnelle, on peut privilégier un aspect. Mais cela n’a pas à se faire dans l’opposition.
L’événement 2012
J’aimerais que chacun se demande, à l’occasion du centenaire : « Est-ce que je vais laisser le Christ me bousculer, m’interroger ? «
N’y a-t-il pas quelque chose à changer dans ma vie ? Seigneur je te donne carte blanche ! »
Il faut faire ce travail d’interrogation, notamment à travers la prière..
Une crise des vocations ?
En fait il n’y a pas une crise des vocations sacerdotales, mais une crise baptismale. Les gens ne vivent pas ou peu leur baptême. Ils n’en vivent que les aspects horizontaux. Depuis quarante ans, en France, on n’a pas réussi à faire autrement qu’en s’opposant. Il faut repartir du Christ avec sa Parole et son Eucharistie, dans l’action et la prière, dans l’audace et l’obéissance, dans l’action de grâces et la confession, dans la liturgie et l’évangélisation.
Propos recueillis par Anne Camboulives
Le projet de Saint-Ruf 2012 devrait être l’occasion d’une « rénovation », dans le sens de nouvelle naissance. Ce centenaire est l’opportunité d’un élan pastoral. Avec certes une action de grâce pour tout ce qui a trait au passé, mais surtout un élan pour une nouvelle évangélisation. J’aimerais qu’on voie la paroisse un peu différemment de ce qu’elle est perçue aujourd’hui, un lieu et une communauté croyante. Une paroisse, ce peut être aussi un pôle missionnaire, une oasis, dans un sens spirituel, avec une grande ouverture, une dynamique, quelque chose qui serait à la fois très spirituel et très incarné.